Voici différents personnages qui ont marqué la ville, la vie de Saint-Mihiel au cours des siècles.
Smaragde de Saint-Mihiel
Abbé
Smaragde est un moine lettré bénédictin du début du IXe siècle, probablement originaire de l'Espagne wisigothique, devenu abbé de Saint-Mihiel dès le règne de Charlemagne, et mort vers 826.
Dans les années 807-809, il participe de façon active, avec Théodulf d'Orléans et Arn de Salzbourg, aux débats sur la question de Filioque.
A la demande de Charlemagne, Smaragde travaille particulièrement à rassembler les arguments bibliques en faveur de Filioque, entérinés par le concile d'Aix-la-Chapelle en 809.
Sous le règne de Louis le Pieux, il apparaît parfois comme missus dominicus (envoyé du Maître).
En 816, c'est lui qui prépare le grand synode de réforme religieuse.
Ses liens étroits avec Louis le Pieux lui permettent d'obtenir cinq diplômes pour son monastère de Saint-Mihiel.
Il prend aussi part au débat sur l'esclavage et le servage sur lesquels il a un point de vue original, il réclame l'abolition de l'esclavage s'opposant ainsi à Alcuin et Raban Maur, s'opposant même aux positions plus douces de Jonas d'Orléans ou d'Agobard de Lyon.
Dom Loupvent
Prêtre voyageur
Sommaire biographie que celle de Dom Loupvent. Nous ne savons à peu près rien, ni de ses origines, ni de son milieu. Tout au plus retiendrons nous ce qu'en dit la tradition. Il serait né vers 1490 à Saint-Mihiel. Entré sans doute vers 1504 à l'abbaye bénédictine Saint-Michel, il aurait reçu le diaconat en 1512 et la prêtrise peu de temps après. Ce n'est qu'à partir de 1531 que les choses se clarifient. Après avoir exercé quelques temps la fonction de trésorier de l'abbaye, il reçut l'autorisation de ses supérieurs de se rendre en pèlerinage à Jérusalem. De retour, il conserva sa fonction de trésorier jusqu'en 1538. En 1543, il devint "Domp Loupvent", soit "prieur claustral" : apogée de sa carrière. A ce titre, il réunit en 1545 un chapitre général afin de réformer son abbaye, en l'absence de l'abbé. Il n'oubliait cependant pas les routes pèlerines se rendant au sanctuaire de Saint-Maur-des-Fossés (1545) puis à Rome (1549-1550). Ces activités ne l'empêchaient pas d'écrire. Nous conservons de sa main plusieurs manuscrits dont "Les Trois Journées du jeu et mystère de Monsieur saint Etienne, pape et martyr, patron de l'église paroichiale de Saint-Mihiel", mystère représenté en l'église Saint-Etienne à Saint-Mihiel, en 1548. Il avait la plume talentueuse, nous avons de lui des comptes méticuleusement chiffrés correspondant aux travaux, commandités pour l'abbaye, d'une réplique du Saint-Sépulcre de Jérusalem qui fut installée contre le portail de l'abbaye avant de disparaître au XVIIIe siècle. Il laisse un manuscrit exceptionnel "Le Voyaige itineraire et transmarin de la Saincte Cite de Hierusalem". Grâce à ce manuscrit, nous écoutons un homme du XVIe siècle, ni grand seigneur, ni aventurier, ni diplomate. Un religieux comme il y en avait tant, un croyant qui voulait contempler le lieu de la Passion. Des semaines de cheminement en Europe, une navigation parfois hasardeuse, quelques jours en Terre Sainte avant de reprendre la route de Venise. Cette première confrontation avec le monde jusque-là inconnu allait le transformer. Dix-neuf ans après son pèlerinage, Dom Loupvent remit son âme à Dieu le 15 juin 1550.
Ligier Richier, sculpteur lorrain de la Renaissance
Sa vie
Sculpteur lorrain de la Renaissance né vers 1500 à Saint-Mihiel, on ne sait rien des années de formation de l'artiste. L'essentiel de la vie et de la carrière de Ligier Richier s'est déroulé dans les duchés de Lorraine et de Bar, alors indépendants. On trouve une première mention de l'artiste dans une lettre de franchise de 1530 du Duc Antoine de Lorraine, qui semblait vouloir le faire demeurer à Saint-Mihiel. Ainsi, on apprend qu'en 1534 il acquiert une maison qui sera par la suite habitée par son fils Gérard, et que dix ans plus tard, en 1543, il sera l'un des quatre syndics de la ville.
En 1550, sa présence à Saint-Mihiel est attestée par le paiement d'une taxe de "dix huit gros sous", le dispensant de la garde des portes et fortifications de la ville. En 1559, avec son fils, il est chargé des décorations éphémères de la ville pour l'entrée solennelle du jeune duc Charles III suite à son mariage avec Claude de France. Vers 1560, il est co-signataire d'une supplique demandant au duc le libre exercice du culte de la religion réformée.
En 1564, Jacques de Silly, seigneur de Commercy, octroie à "Ligier Richier sculpteur à Saint-Mihiel" une somme de "deux mille quatre cents francs lorrains" pour des travaux dont la nature n'est pas indiquée. Cette même année, confronté à l'intolérance des catholiques envers la religion réformée, il quitte la Lorraine et se réfugie à Genève où vit son gendre "ingénieur" marié à sa fille Bernardine.
Il meurt entre novembre 1566 et avril 1567, laissant à sa famille un héritage substantiel. En 1573, son fils Gérard est de nouveau à Saint-Mihiel et poursuit l'activité paternelle, comme en témoignent des travaux exécutés pour le palais ducal de Nancy. Grand diffuseur de l'esprit nouveau de la Renaissance, Ligier Richier verra son influence artistique se propager tout au long des siècles qui suivront. Au XVIIIe siècle, le bénédictin Dom Calmet reconnaît la grande valeur de l'artiste et c'est à la fin du XIXe siècle (1862), que ses œuvres seront classées au titre de Monuments Historiques. (Source : Bernard Prud'homme)
Son œuvre
Si ses années de formation sont assez peu documentées, nous savons que Ligier Richier occupe la charge "d'ymagier" auprès du duc Antoine de Lorraine qui lui accorde sa protection dès 1530. Ligier Richier, chef de famille bourgeois de Saint-Mihiel, sa ville natale, est à la tête d'un atelier et s'est déjà acquis une grande réputation par des ouvrages tels que des portraits en terre cuite (perdus) et par le retable de la Passion à Hattonchâtel (collégiale Saint-Maur, pierre calcaire polychrome, 1523), l'une des réalisations les plus raffinées de la Renaissance en Lorraine.
Tout l'art de Ligier Richier oscille entre l'expression humaniste allusive, délicate que cultivaient la cour de Lorraine et certaines élites ecclésiastiques, et les figurations spectaculaires de la passion du Christ, reflet d'une piété régionale vivace et d'une spiritualité nourrie de mystique rhéno-flamande. Le volume dramatique, l'intériorité sensible des grands calvaires de bois à plusieurs personnages (Briey, église Saint-Gengoult, 1534 Bar-le-Duc, église St-Etienne) ou de l'émouvante Piétà d'Etain (pierre calcaire) s'écartent résolument des traditions
des "imagiers" par la quête d'un classicisme mesuré, lisible dans l'élégante souplesse des drapés comme dans la distinction et la densité psychologique des figures. Le calcaire local à grain très fin sollicite la virtuosité de son ciseau dans deux célèbres effigies funéraires : le gisant de Philippe de Gueldre (Nancy, chapelle des Cordeliers) portrait au vif de la souveraine, veuve de René II, en clarisse, et le squelette (Bar-le-Duc, église Saint-Etienne), monument du cœur de René de Chalon où la spiritualisation héroïque du cadavre, à une distance infinie des "transis" de l'automne du moyen Âge, délivre encore son message paradoxal tout en faisant regretter la perte du décor de la chapelle des Princes à la collégiale Saint-Maxe, qu'admira Montaigne.
Des restaurations récentes ont mis en valeur les chefs d'œuvres de Ligier Richier, notamment La Mise au Tombeau (pierre calcaire vers 1554-1564 Saint-Mihiel, église Saint-Etienne), magistrale dramaturgie à treize personnages où le sculpteur, converti à la foi de Calvin, insuffle des réminiscences italiennes et une nouvelle profondeur du sentiment plastique. Enfin, la découverte d'une Sainte-Elisabeth (pierre calcaire, Saint-Mihiel, Musée d'Art sacré), marquée par l'âge, alourdie par sa grossesse et par son costume de brocart, frappe par la maîtrise de la tension émotionnelle et vérifie l'originalité du maître de Saint-Mihiel, héritier très indépendant des legs artistiques champenois, bourguignon et germanique.
(Source : Paulette Choné - Professeure émérite des universités )
Nicolas Marchal
Ingénieur
Ingénieur né à Saint-Mihiel en 1564 et mort en 1611 ; il eut la conduite des fortifications de la Ville-Neuve de Nancy avec Stabili, du temps de Charles III, et sous la direction du gouverneur Elisée d'Haraucourt. Ouvrage regardé par Vauban comme un chef d'œuvre, elles passèrent, en leur temps, pour les plus régulières et les plus belles d'Europe.
Dom Hennezon
Abbé
Il entre en religion à 17 ans et revêt la tunique noire des bénédictins. Il fait ses études à Dôle puis Commercy. Le jeune religieux se distinguera dans toutes les disciplines et enseignera bientôt aux séminaires. Promu Prieur de Saint-Mihiel, le voila donc Dom Hennezon. Très tôt (13 ans après son noviciat) il est envoyé à Rome pour y discuter un éventuel changement de la règle de saint Benoît, il s'y montre un orateur de talent, d'une sagesse politique consommée, capable de traiter les affaires les plus délicates. A 48 ans, il est nommé par bulle datée des nones de juillet 1666, Abbé de Saint-Mihiel. De par sa qualité de conseiller à la cour d'honneur de Lorraine et Barrois, il accomplit plusieurs missions diplomatiques importantes. Il fut envoyé à Paris pour tenter la conclusion d'un traité particulier entre le Duc de Lorraine et le Roi de France. Louis XIV, Mazarin et bien d'autres, le consultèrent à plusieurs reprises, si bien qu'ayant su se préserver les bonnes grâces de la France et de la Lorraine, Dom Hennezon put garder à Saint-Mihiel son rôle de capitale de l'Etat indépendant qu'était le Barrois mouvant. Tel saint Vincent de Paul, durant les heures sombres de la ville (guerre, famine, maladie...) il n'hésita pas à partager avec la population les ressources de l'Abbaye entassées durant les jours meilleurs. Il sut également enrichir son abbaye grâce aux divers legs en argent, pierres précieuses... donnés par des Dames de qualité. Sa bonne administration des ressources de l'abbaye lui permit d'enrichir le sacraire, notamment avec des éclats de bois de la vraie croix. Il fit construire "le Palais", afin de pouvoir y réunir le chapitre (assemblée générale des bénédictins). Il fit changer les orgues de l'abbatiale Saint-Michel. Le Grand Buffet des Orgues compte parmi les plus remarquables. Il ouvrit l'abbaye au renouveau intellectuel avec un cours de philosophie et de théologie, une académie (centre de recherches) où l'on étudiait l'écriture sainte et l'histoire ecclésiastique. Après 55 ans d'une vie monastique où il fut initiateur de grands travaux, collecteurs d'œuvres d'art et de livres magnifiques, bon père pour sa communauté de religieux et pour les habitants de Saint-Mihiel, il mourut le 21 septembre 1698. Il fut inhumé dans le chœur de l'église Saint-Michel. Sa tombe a été épargnée par les révolutionnaires, le révérend père y repose sans doute encore.
Jean Bérain (père)
Peintre, aquarelliste, dessinateur, graveur, ornemaniste et décorateur de théâtre français
Jean Bérain né entre 1637 et 1640 à Saint-Mihiel, mort à Paris en 1711. Fils d'un arquebusier lorrain, après avoir étudié avec Charles Le Brun, il est nommé à la cour de Louis XIV en 1674 comme dessinateur de la Chambre et du Cabinet du Roi. Ses créations très variées comprennent des décors d’opéras, de fêtes et de pompes funèbres, des habits, des pièces d’orfèvrerie et d’arquebusiers, des modèles de lambris et de plafonds, des meubles, des perspectives de jardins, de carrousels, des décorations pour les poupes ou les proues de vaisseaux royaux.
Il dessine les maquettes de costume pour les pièces de théâtre et opéras, dont ceux de Jean-Baptiste Lully, représentés à la cour et devient le décorateur officiel de l'Académie royale de musique en 1680, succédant à Carlo Vigarani. Il joue un rôle important dans l'histoire du costume de ballet. Il est l'auteur des cartons de nombreuses tapisseries pour la Manufacture de Beauvais comme pour celles des Gobelins.
Veuf de Louise Rauhaut, il meurt dans son appartement aux galeries du Louvre et est inhumé à Paris en l'église Saint-Germain-l'Auxerrois. Son fils, Jean Bérain, continuera son œuvre. Jean Bérain a marqué un renouvellement de l'art grotesque
en allégeant le style floral chargé d’acanthes propre de la Renaissance, et en anticipant le rococo. Dans toutes ses œuvres, qui touchent à la plus grande partie des arts décoratifs, on trouve une unité d'inspiration qui justifie le terme de "style Bérain". Ce style est caractérisé par l'utilisation du thème des grotesques cher au XVIe siècle et à l'École de Fontainebleau, traité de façon très personnelle, et par un goût marqué pour les grandes architectures classiques. Les compositions sont toujours centrées, encadrées de portiques ou de lambrequins, ornées de façon symétrique de volutes et peuplées de petits personnages fantastiques.
Le style Bérain, célèbre pour ses arabesques, fut adopté pour la décoration des majoliques de Rouen, ainsi que de Marseille, et influença les manufactures espagnoles et italiennes (céramiques de Lodi et de Turin). Pendant toute la première moitié du XVIIIe siècle, le décor "à la Bérain", le plus souvent en camaïeu bleu, est typique des faïences de Moustiers. Autour d'un sujet central, généralement un personnage mythologique, s'articule un réseau d'arabesques parfaitement symétrique, enrichi d'éléments architecturaux, de cariatides, de bustes et de chimères. Ce style influencera l'Europe entière.
Charles-Emmanuel Dumont
Juge & Auteur
Né en 1802 à Commercy, mort en 1878 à Saint-Mihiel, il était avocat puis juge au tribunal de Saint-Mihiel. Auteur d'études d'histoires locales, membre de la Société des antiquaires de France, de la Société d'archéologie lorraine et du Musée historique lorrain, il publiera vingt volumes d'histoires consacrées à Saint-Mihiel et Commercy. En parallèle, Charles-Emmanuel Dumont avait rassemblé une collection extrêmement précieuse d'outils de bourreaux. Il en a représenté quelques uns dans son ouvrage "Justice criminelle des duchés de Lorraine et de Bar du Bassigny au trois évêchés". A sa mort, cette collection a été donnée au Musée Lorrain de Nancy. Elle était exposée autrefois dans la salle de garde de la porte de la Craffe.
Nicolas Jean Henri Blaise
Général de Brigade
Né le 17 octobre 1812 à Saint-Mihiel et mort le 22 décembre 1870 à Neuilly-sur-Marne, il est un général de brigade. Engagé au 17e de ligne en 1831, il est ensuite affecté au 2e Bon de Zouaves. Il gravit tous les échelons de la hiérarchie militaire en Algérie et Italie, il est nommé général en 1869. Il est tué l'année suivante au siège de Paris, les uns disent d'une balle dans la tête, les autres d'une balle dans la poitrine. Sa brigade regroupait les 111e et 112e R.I. Il est inhumé au cimetière des Abbasseaux. Un monument commé-moratif lui est dédié à Saint-Mihiel et une rue de Paris porte son nom dans le 11e arrondissement.
Nicolas Lebel
Colonel d'Infanterie
Né en 1838 à Saint-Mihiel, mort en 1891 à Vitré, il est un officier français, qui a contribué à la création du fusil de l'armée française portant son nom, le fusil Lebel.
Attiré par une carrière militaire, il intègre l'École spéciale militaire de Saint-Cyr en 1855. En 1857, il rejoint le 58e régiment d'infanterie de ligne comme sous-lieutenant. Durant la guerre franco-prussienne de 1870, alors capitaine et commandant de compagnie, il combat avec courage mais, le 1er septembre, il subit le sort de toute l'armée de Sedan et part en captivité en Allemagne.
Libéré après le traité de Francfort, il retrouve un commandement à Tours, au 66e régiment d'infanterie de ligne. Nommé chef de bataillon en 1876, Lebel devient chef de l'école normale de tir du camp de Châlons (Mourmelon) et se passionne pour l'armement d'infanterie. Ses compétences sont vite reconnues et en 1883, le ministre de la Guerre (le général Jean Thibaudin) le nomme membre d'une commission des armes à répétition présidée par le général Tramond.
Cette commission a pour objectif d'élaborer un nouveau fusil d'infanterie qui doit remplacer le fusil Gras.
Nicolas Lebel est chargé de mettre au point la balle destinée à ce futur fusil d'infanterie. Cette balle doit, avant tout, fonctionner avec la nouvelle poudre sans fumée du chimiste français Paul Vieille, poudre assurant des vitesses initiales très élevées mais qui font fondre le plomb nu des balles conventionnelles de l'époque. Le Lieutenant Colonel Lebel dessine alors une balle de 8mm chemisée en maillechort et fonctionnant parfaitement. Elle sera la première balle adoptée pour le futur fusil Mle 1886 : la balle "M". Finalement, la Commission finit par adopter les propositions des colonels Gras, Bonnet et Lebel concernant le nouveau fusil d'infanterie. Il sera donc officiellement adopté en tant que Fusil Mle 1886 puis, un peu plus tard, en tant que Fusil Mle 1886M93. Dans le langage courant la nouvelle arme fut vite baptisée fusil Lebel par ses utilisateurs. Lebel est ensuite nommé colonel en 1887 et il devient ainsi chef de corps du 120e régiment de ligne, alors en garnison à Sedan. Du fait de problèmes cardiaques, il obtient sa retraite en 1890, se reconvertissant dans le civil comme inspecteur du Trésor à Vitré. Il décède l'année suivante, le 6 mai 1891.
Il a également été décoré comme commandeur dans l'Ordre national de la Légion d'honneur.
Robert Thiery
Aviateur
Né le 12 août 1895 à Saint-Mihiel, il fut jeune officier à Versailles. En 1917 il passe brillamment son brevet de pilote mais est cantonné à former de jeunes recrues, quand en 1918 il se voit, enfin, affecté à l'escadrille SPA62 et participe aux combats aériens au-dessus du Nord et de la Belgique. Il reçoit la croix de guerre avec palme. Démobilisé en 1918, il s'inscrit, sans conviction, à la faculté de droit de Nancy ; mais qui a volé a toujours la nostalgie de l'immensité du ciel ! il abandonne ses études et s'engage dans une compagnie aérienne de messagerie, et de Paris il rallie en 1920 sur un Bréguet 14A2 Casablanca en un temps record. Il entre alors dans la firme Bréguet et en devient le pilote d'essai. Ce sont 1200 appareils qu'il testera en 5 ans. Cependant, il rêve de records, il en obtiendra beaucoup, allant jusqu'à frôler la mort en 1922, aux commandes du Léviathan à quatre moteurs. Ils donne aux foules le frisson, aux ailes Françaises le renom et l'éclat qu'elles méritent. Il inaugure le Paris-Barcelone. Il projette de s'attaquer au record du monde en ligne droite sur le trajet Paris-Bagdad, Bender-Abbas et le Golfe Persique. Il se prépare avec son ami Costes (qui a abattu dix avions pendant la guerre). Le 13 septembre 1925, ils prennent leur envol mais le ciel se bouche, la brume rejoint les nuages ; ils descendent et survolent une ville à moins de 100 m de hauteur quand soudain un rideau d'arbres devient inévitable à 200 km/h. Robert Thiery, les jambes coincées dans sa carlingue, la tête dans l'eau, meurt noyé, son ami Costes, évanoui suffoqué par les vapeurs d'essence, ne pourra le sauver. Robert Thiery eut des funérailles grandioses à Saint-Mihiel, auxquelles assistaient tout le Gotha du monde industriel et politique de Meuse dont Raymond Poincaré, alors sénateur de la Meuse. Il repose au cimetière de Saint-Mihiel, un buste à son effigie indique l'emplacement de sa tombe. A Fribourg, au Saut du Cerf, une stèle rappelle la chute d'un jeune as de l'aviation.
Duilio & Dante Donzelli
Sculpteurs-Peintres
Dante Donzelli est né à Cattolica en Italie le 26 octobre 1909. Son père Duilio émigre en 1912 au Luxembourg. Le fils a suivi des cours à l’école des Beaux-Arts du Grand Duché. À l’âge où ses copains jouaient aux billes, Dante préférait manier le marteau et le burin pour tailler la pierre. À 11 ans, il a commencé à collaborer avec son père pour la réalisation de nombreux monuments aux morts, la restauration de fresques, de statues, de décors d’église. En 1924, les Donzelli quittent le Luxembourg pour s’installer en Meuse, à Lacroix, village où Dante s’est marié en 1936. En 1940, la famille quitte le département pour se réfugier à Valence. Ce n'est qu'en 1957 que Dante et sa famille sont revenus en Meuse à la demande de Mgr Petit, évêque de Verdun, et se sont installés à Saint-Mihiel. Il décédera à Saint-Mihiel en 1999 ; il y est enterré. Dante Donzelli continua l'oeuvre de son père pour l'Evêché de Verdun et pour l'Ecole d'Art qu'il créa à Saint-Mihiel. Artiste reconnu il a réalisé de très nombreuses œuvres d'art sacré. Les Donzelli ont participé à la reconstruction artistique de la Meuse ; sur 180 églises détruites puis reconstruites après la Grande Guerre, ils ont peint de très nombreuses fresques d'inspiration Renaissance et byzantine dans 66 églises, et sculpté une cinquantaine de monuments aux morts dans le département. L'église de Mécrin compte à elle seule une trentaine de tableaux dont de nombreux sur la vie de saint Evre, évêque de Toul.