Quelques richesses de l'Abbatiale Saint-Michel
Du IXe siècle à nos jours, les églises successives ont occupé le même emplacement sur le côté nord du cloître ; dans l'église actuelle, les ouvertures de communication avec ce dernier sont encore visibles. Une église romane a été construite par Albert II, abbé de 1044 à 1076, dans un style dont la région rhénane et lorraine conserve encore de nombreux témoins. Elle était de plan basilical à trois nefs, celle du centre était plus élevée. Le transept avait déjà sa facture oblongue et débordait autant qu'aujourd'hui. La tour occidentale fut restaurée et agrandie au XIIe siècle. C'est au XIIIe siècle que le transept reçut ses voûtes gothiques. On aménagea dans ses murs de nouvelles ouvertures en arc brisé. Sur les nefs s'ouvrirent des chapelles latérales, remaniées à la période suivante. De même, la base des tours orientales fut-elle percée de fenêtres et pourvue de vestibules.
C'est à Dom Maillet et à un moine architecte, frère Hilarion Boulenger, qu'est due la construction actuelle entre 1700-1710. La nef et ses collatéraux furent rehaussés dans le style classique, le transept remanié. La principale innovation est le chœur, où rien ne subsiste de l'architecture antérieure.
L'église abbatiale Saint-Michel était l'église réservée aux moines mais également l'église paroissiale pour les habitants du quartier de la Halle (centre-ville). Elle devient l'église paroissiale de l'ensemble de la ville en 1790.
Avant guerre la sonnerie comportait six cloches, après guerre elles furent remplacées par quatre nouvelles, fondues à Robécourt dans les Vosges, par la maison Farnier. On retrouve ainsi Marie-Clotilde, Anne, Simone et Eugénie :
- Marie-Clotilde, bourdon de 3 280 kg monté en 1929. Il donne le si bémol.
- Anne, 1 562 kg, montée en 1922 en partie grâce aux dons des familles de soldats tués autour de Saint-Mihiel. Elle donne le ré.
- Simone, 1 320 kg, montée en 1919, offerte par les habitants de Saint-Mihiel et de Nantes à la mémoire des combattants tués. Elle donne le mi bémol et porte l'effigie de saint Michel.
- Eugénie, 935 kg, donnée par Eugénie Midon en reconnaissance pour la paix revenue. Elle donne le fa.
Vidéo des cloches de Saint-Mihiel
Source : "Les Cloches Savoyardes"
On peut découvrir dans le collatéral sud "Le Portail", aujourd'hui rebouché mais toujours bien visible, qui permettait de passer de l'église vers le jardin du cloître pour mettre en terre les moines après la célébration des funérailles. On date cette "porte" du XIIIe ou XIVe siècle. Le nom qui lui était donné : la porte "In Paridisum" du nom de l'antienne que les chantres entonnaient au passage du corps vers le cimetière du cloître. (source M. Viany)
Sur le soubassement de l'autel principal, on remarquera la sculpture du mot "PAX" avec un cœur enflammé et des larmes, signe de l'appartenance de l'abbaye à la Congrégation Saint-Vanne et Sainte-Hydulphe après le Concile de Trente. Ce sont des symboles rattachés à saint Augustin, Père de l'Eglise au IVe siècle. (source M. Viany)
De premiers travaux d'urgence
En 2019, l'Atelier Grégoire André, cabinet d'architectes du patrimoine, a réalisé un diagnostic complet de l'état sanitaire de l'abbatiale Saint-Michel. Cette étude a révélé plusieurs désordres mettant en danger l'ensemble de la structure de l'édifice. Plusieurs phases de travaux sont programmées afin de restaurer le monument. La première phase, divisée en plusieurs tranches de travaux, a débuté en 2021 et se poursuivra sur plusieurs années.
Travaux | Première phase
Tranche ferme
Travaux d'urgence de mise en sécurité du bras sud du transept, restauration des intérieurs et extérieurs du bras sud ainsi que de la couverture des chapelles nord
876 425,00 € HT
Tranche conditionnelle n°1
Restauration du chœur
et du bras nord du transept
787 648,00 € HT
Tranche conditionnelle n°2
Restauration de la
couverture du transept
681 581,00 € HT
Tranche conditionnelle n°3
Restauration du chevet, chœur
et bras sud du transept
721 115,50 € HT
Photos | Travaux d'urgence sur la voûte du transept sud
(© J.-M. MANGEOT)
Photos | Découvertes archéologiques
(© J.-M. MANGEOT)
Le grand orgue
Érigée en 1681, avec la particularité rarissime en France de compoter des tourelles de pédale, la boiserie du grand orgue de l'abbatiale Saint-Michel est sans conteste l'un des buffets d'orgue les plus précieux de Lorraine, voire de la France du XVIIème siècle. L'instrument, confectionné par Jean Adam, est reconstruit en 1792 par Jean-François Vautrin. Durant l'occupation en 1917, les tuyaux sont réquisitionnés par les soldats allemands pour être fondus en munitions. la maison Jacquot modernise l’instrument en 1931. Malgré les différentes transformations depuis sa confection, il subsiste de nombreux éléments de très grand intérêt datant des XVIIème et XVIIIème siècles, qui permettent aujourd'hui une reconstruction de l'instrument d'origine.
Pourquoi est-il si exceptionnel ?
Considéré comme l'un des premiers orgues classiques français du duché de Lorraine, le grand orgue de l'abbatiale Saint-Michel est l'un des rares instruments lorrains à avoir été épargné du vandalisme de la Révolution. Ses boiseries, exceptionnellement intactes, portent encore les couronnes ducale et royale. Suspendu au-dessus de l'entrée, tel un nid d'hirondelle, il est le seul orgue français de l'Ancien Régime à posséder des tourelles indépendantes.
Une restauration en 5 étapes
Tranche ferme
Restauration complète du buffet et du clavier de grand orgue, changement de la console et de la tuyauterie, restauration et reconstruction de la mécanique, contrôle des sommiers et révision de l'alimentation en vent.
295 910,00 € HT
Tranche conditionnelle n°1
Restauration complète du positif (second clavier).
110 282,70 € HT
Tranche conditionnelle n°2
Restauration complète de la pédale (clavier à pied).
77 873,40 € HT
Tranche conditionnelle n°3
Reconstitution du récit et de l'écho (claviers).
74 293,00 € HT
Tranche conditionnelle n°4
Reconstitution de la soufflerie cunéiforme.
61 421,50 € HT
Photos | La pose des nouveaux tuyaux
(© J.-M. MANGEOT)
Le financement
La tranche ferme bénéficie de subventions privées et publiques à hauteur de 80%. Depuis 2015, un appel aux dons, lancé par le biais de la Fondation du Patrimoine, a permis de récolter plus de 155 000 €. La première étape des travaux est donc assurée et débute en janvier 2021.
Les quatre autres tranches de travaux ne bénéficient que de très peu d'aides financières publiques, car la partie instrumentale du grand orgue n'est pas protégée au titre des Monuments historiques.
Nous avons donc besoin de vous pour nous aider à financer la totalité de la restauration, afin de redonner à cet orgue exceptionnel sa splendeur passée !